Président National (PN) de la FEC depuis environ 17 ans, Mr Albert Yuma Mulimbi a récemment adressé une missive à son administration, l’invitant primo à organiser des élections auxquelles il ne prendra pas part entant que candidat, et secundo, par ricochet, à mettre en vigueur le remaniement des statuts, dont le projet serait sur table depuis plus d’un an.
Tournant décisif à l’Assemblée du 23 Novembre prochain
En effet, outre l’attendu survol de l’année précédente, son probable diagnostic économique, et des projections pour un avenir meilleur, les échanges qui auront lieu le 23 novembre à l’occasion de l’Assemblée Générale Ordinaire de la FEC seront aussi marqués par le début d’une nouvelle ère à la fédération, car c’est à cette occasion que le nouveau Conseil d’Administration procédera à l’élection du Président National devant succéder à Mr Yuma. Pour ce faire, cette assemblée ordinaire au tournant décisif sera précédée d’une Assemblée Générale Extraordinaire qui se tiendra elle trois semaines avant, soit le jeudi 2 novembre 2023, et qui sera centrée sur l’adoption des nouveaux statuts ; adoption sans laquelle ces élections resteraient textuellement et matériellement inorganisables. Devant donc cette possibilité d’avoir des nouveaux textes à la fédération, surtout qu’un comité de relecture était à pied d’œuvre dès la deuxième semaine du mois en cours, et soucieux de finir aussi bien en beauté qu’avec honneur son parcours épique entant que patron, représentant et défenseur des entrepreneurs, Albert Yuma Mulimbi a indiqué qu’il était tout à fait possible d’organiser ces élections avant la fin de son mandat qui, lui, interviendra le 26 novembre 2023.
Le dernier acte public d’un « Médecin de l’économie » ?
Du président Yuma à la tête de la FEC, l’on peut particulièrement retenir son intervention à l’Assemblée Générale Ordinaire du 27 Juillet 2022, où il avait livré à la fois un diagnostic et une prescription contre les maladies de l’économie congolaise, ce à travers une allocution qui survolait succinctement mais inclusivement la situation économique internationale et celle de la RDC. Ayant ce jour-là focalisé son analyse sur l’année 2021, qui était en évaluation, il avait d’abord présenté une conjoncture économique mondiale caractérisée par les effets négatifs de la pandémie à Covid-19. C’est seulement « grâce à une reprise progressive » disait-il, que l’économie mondiale avait enregistré un taux de croissance économique de 6,1% à la fin de l’année 2021, contre -3,4% en 2020 D’ailleurs, avait-il précisé, cette reprise salvatrice n’avait été possible que grâce à des efforts comme :
- Les mesures prises par les différents gouvernements,
- La levée des restrictions instaurées pour limiter la propagation du virus, ou encore,
- Les avancées dans la fabrication et l’administration des vaccins
L’on apprenait ainsi comment « les perturbations observées au niveau du commerce
international dans la chaîne d’approvisionnement et logistique pendant la période turbulente
de 2020″ avaient été atténuées au courant de l’année 2021, permettant au volume du commerce
mondial des biens et services d’atteindre un taux positif de 9,3%.
Ensuite, se penchant sur le cas de la RDC, Mr Yuma avait présenté une économie au
comportement globalement positif à cause de cette reprise progressive au niveau mondial, et
« des efforts fournis par le gouvernement pour accroître les recettes publiques internes ».
Des faits concrets pour appuyer sa déclaration ?
À titre d’exemple, le gouvernement avait alors conclu avec le Fonds Monétaire International un programme qui avait permis à la RDC de bénéficier des appuis budgétaires sous forme de Facilités Elargies au Crédit, et de rehausser le niveau du stock des devises à la Banque centrale, les propulsant à 3,5 milliards USD. De ce cas, et de bien d’autres efforts allant dans ce sens, il avait jailli une « relative stabilité du cadre macroéconomique » en RDC, stabilité traduite par une baisse du taux d’inflation (5,28% en 2021 contre 15,76% en 2020) et des faibles dépréciations de la monnaie locale sur le marché de change. Logiquement donc, l’économie congolaise avait enregistré un taux de croissance de 5,7% en 2021 contre 1,7% en 2020.
Des efforts devaient encore être fournis…
Toutefois, puisque cette croissance restait « tirée essentiellement par le seul secteur minier, avec l’exportation des matières premières quasi-brutes sans une transformation locale, et donc sans valeur ajoutée », elle ne guérissait pas pour autant la fragilité de la structure économique nationale. Il était donc encore une fois question de la sempiternelle problématique d’une structure économique non diversifiée et qui, semble-t-il, maintenait sans cesse la RDC dans un état de fragilité face aux chocs exogènes…
« Le taux de croissance économique de la RDC étant procyclique à l’évolution du cours des matières premières à l’international, notre économie subit de plein fouet de manière proportionnelle en cas de perturbation des prix des métaux. C’est le cas de la pandémie de Covid-19 qui a montré les limites de notre modèle économique et de notre forte dépendance vers l’extérieur dans l’approvisionnement des biens essentiels de première nécessité tout comme les produits intermédiaires. La guerre qui sévit depuis plusieurs mois entre la Russie et l’Ukraine perturbe fortement les chaînes d’approvisionnement et logistique, et occasionne l’augmentation des prix du transport maritime, de l’énergie et de certains intrants comme le blé et autres céréales.«
Selon le président Albert Yuma, tous ces faits, et bien d’autres encore, dans un pays fort de toutes les ressources nécessaires pour la valorisation et la transformation locale des matières premières en richesses réelles mais qui souffre encore, avaient pour cause en 2021 un « manque de volonté » entretenu par un « paradigme plein de discours quand on a besoin d’actions ».
La diversification économique comme prescription
Puisqu’un bon médecin prescrit le remède après diagnostic et examens, Albert Yuma avait alors proposé sa cure pour guérir l’économie nationale, en concluant que « la diversification économique » restait « la solution ultime pour une croissance résiliente et durable ». Faut-il déduire que la FEC et son PN croyaient eux-mêmes en cette prescription ? Certainement, puisque bien avant cette assemblée, pour ne donner qu’un cas sur tant d’autres, la fédération avait répondu à l’invitation du Ministère du Plan en Mai 2022, et participé activement à un atelier de validation technique du Rapport de l’étude sur la diversification de l’économie, atelier au cours duquel la FEC avait rappelé au Gouvernement congolais la nécessité de mettre en place toutes les conditions appropriées en vue de parvenir finalement à cette diversification économique, notamment avec l’élargissement de la base de production pour atteindre une croissance inclusive et durable. Avec l’avènement d’une nouvelle administration à la FEC, la prochaine Assemblée Générale Ordinaire nous fera-t-elle un point sur l’évolution de cette prescription ? Rendez-vous pris pour le 23 Novembre…
Yannick Mutumbi Sh.